jeudi 30 mai 2013

Israël, une « république bannanière » ? 10 préjugés et idées toutes faites



Voici dix types de préjugés et d’idées toutes faites sur la corruption qui concernent de près Israël… Un tableau dressé pour mieux combattre ce fléau ! À en croire les scandales économico-judiciaires Israël serait une « république bananière »… Certes, la corruption existe ici, mais cela n’en fait pas pour autant un pays « corrompu ». En fait, pour en finir vraiment avec la corruption, qui n’est pas une fatalité, il faut s’attaquer à ses racines et à ses nombreuses manifestations…L’analyse de ces « dix idées reçues » en rapport avec la corruption en Israël permettra peut-être de mieux connaître ce phénomène et donc de le combattre plus efficacement.

Idée reçue n° 1 : la corruption n’existerait que dans les pays pauvres. FAUX !On a tendance à croire que la corruption est une caractéristique des pays démunis ou en voie de développement. Or Israël est un pays riche, industrialisé et moderne, et il n’est pas pour autant épargné par la corruption ! Le niveau de vie moyen de ses citoyens est semblable à celui de la plupart des pays occidentaux. Mais selon l’ONG spécialisée dans ce domaine, Transparency International, le niveau de corruption y est proche de celui qui est perçu au Qatar ou en Slovaquie ! On a même pu constater que plus Israël s’industrialise et se développe, plus son degré de corruption s’intensifie.

Idée reçue n° 2 : c’est l’hypertrophie du secteur public qui provoquerait la corruption. FAUX !En Israël, des intérêts privés très puissants exercent une influence bien trop excessive sur les hommes politiques, sur les institutions et même sur le processus de législation et d’adoption des lois par la Knesset. Ainsi, a-t-on vu récemment comment des groupes financiers privés sont prêts à payer des pots-de-vin pour faire avancer leurs ambitions immobilières.

Idée reçue n° 3 : la corruption se concentrerait seulement sur certains secteurs sensibles. FAUX !En Israël, la corruption s’est étendue progressivement à de très nombreuses branches de l’activité économique : la santé, l’immobilier, les finances, l’industrie, l’enseignement, les municipalités, les services publics, etc.

Idée reçue n° 4 : les « grandes familles » ne pratiqueraient pas la corruption. FAUX !Dans les dernières grosses affaires de corruption, les suspects sont souvent proches de certaines des quelque vingt « grandes familles » qui contrôlent des secteurs entiers de l’économie israélienne. Ainsi, l’arrestation récente de Dany Dankner confirme-t-elle que ces grands clans familiaux hyper-riches sont souvent impliqués dans des mécanismes de clientélisme et de pots-de-vin visant à accroître davantage leur patrimoine et à étendre leur pouvoir économique déjà énorme…

Idée reçue n° 5 : l’enrichissement freinerait la corruption. FAUX ! En Israël, l’appât du gain ne connaît aucune limite ! Ces dernières semaines, on a pu voir comment des Israéliens qui figurent parmi les plus riches du pays sont impliqués jusqu’au cou dans nombre d’affaires de corruption. Si, ailleurs, il arrive souvent que ce soit les détenteurs de revenus faibles ou très moyens qui sont à l’origine des nombreux cas de corruption, il semble qu’en Israël il s’agisse du contraire : les professions les mieux rémunérées (avocats, architectes, comptables, banquiers et même les hauts fonctionnaires) sont les plus actives en matière de corruption !

Idée reçue n° 6 : la corruption ne serait pas mesurable. FAUX !Depuis quelques années, la Banque mondiale et d’autres ONG cherchent à quantifier et à mesurer la corruption pour en faire des comparaisons à l’échelle internationale. Ainsi, d’après l’Indice de perception de corruption publié par l’ONG Transparency International, Israël était classé au 32e rang mondial de la corruption en 2009, alors qu’il était en 20e position en 1999, soit un recul de 12 places en dix ans.

Idée reçue n° 7 : la corruption aurait des effets positifs sur l’activité économique. FAUX !En Israël comme ailleurs, la corruption se traduit chaque fois par des coûts économiques importants : elle fausse les règles de la concurrence, elle nuit à l’investissement étranger, elle aggrave encore les inégalités sociales et amoindrit les recettes publiques. Quant à la légitimité et la crédibilité de l’État et de la classe politique, elles sont fortement et constamment remises en cause à l’intérieur même du pays, comme sur la scène internationale.

Idée reçue n° 8 : le libéralisme en matière économique permettrait de réduire la corruption. FAUX !En Israël, la corruption n’a jamais été aussi forte que depuis que le pays a adopté une politique économique ultralibérale. En effet, l’accroissement des rentes tirées des monopoles, comme les privatisations et l’octroi à des groupes privés et restreints de la plupart des marchés publics créent autant d’occasions de pots-de-vin et d’enrichissement personnel illégal.

Idée reçue n° 9 : la démocratie constituerait un frein à la corruption. FAUX !Israël est certes un régime démocratique, parlementaire et pluraliste – d’ailleurs le seul dans son genre au Proche-Orient. Or il semble bien que les citoyens israéliens n’utilisent pas assez leur droit de vote pour « punir » en éliminant de la scène politique et publique les élus coupables de corruption, ou encore pour éviter de faire nommer à des postes-clés des hommes déjà connus pour être mus par la seule soif du pouvoir personnel ou de l’argent, et non leur souci de l’intérêt général et national. Par exemple, les phénomènes de « népotisme » – c’est-à-dire les nominations et attributions de postes et de prébendes dues aux liens familiaux entre les politiciens et hommes d’affaires, sont très répandues en Israël, et tout cela l’emporte trop souvent, de loin, sur le mérite personnel.

Idée reçue n° 10 : on ne pourrait strictement « rien faire » pour lutter contre la corruption. FAUX !Même des pays moins industrialisés qu’Israël comme le Chili ou l’Uruguay ont réussi peu à peu à endiguer ce phénomène. Car toute lutte anticorruption efficace doit surtout passer par ce que l’on appelle une « bonne gouvernance » reposant sur le contrôle et l’encadrement des fonctionnaires, l’institution de peines plus lourdes pour les coupables, la promulgation de règlementations très claires et une bureaucratie moins pesante.

Source Israel Valley