vendredi 28 mars 2014

Egypte : Sissi candidat à la présidentielle


Un dirigeant des Frères musulmans, la confrérie du président destitué Mohamed Morsi, a affirmé à l'AFP qu'il n'y aurait "pas de stabilité" sous une présidence d'Abdel Fattah al-Sissi, qui a annnoncé mercredi soir qu'il quittait l'armée qu'il dirigeait pour briguer la magistrature suprême...



"Il ne peut y avoir de stabilité ou de sécurité sous une présidence Sissi", a déclaré Ibrahim Mounir, membre du bureau politique des Frères musulmans, joint par téléphone à Londres. La confrérie, cible d'une implacable répression des nouvelles autorités, a été déclarée "terroriste" en Egypte et la quasi-totalité de ses dirigeants, à l'instar de M. Morsi, encourt désormais la peine de mort dans de multiples procès.
Le maréchal Abdel Fattah al-Sissi, nouvel homme fort d'Egypte, a annoncé mercredi soir lors d'une allocution télévisée, qu'il était candidat à la présidentielle prévue au printemps et a promis de "débarrasser l'Egypte du terrorisme".
De loin la personnalité la plus populaire du pays, M. Sissi, architecte de l'éviction du président islamiste Mohamed Morsi en juillet, est donné favori du scrutin présidentiel dans le plus peuplé des pays arabes.
Nommé sous Mohamed Morsi à la Défense, M. Sissi était jusqu'à mercredi soir chef de l'armée, ministre de la Défense et vice-Premier ministre des autorités intérimaires. Pour être éligible, il devait quitter ces fonctions.
"Je me tiens devant vous aujourd'hui pour la dernière fois dans un uniforme militaire, après avoir décidé de quitter mes fonctions de ministre et de chef de l'armée", a déclaré Abdel Fattah al-Sissi.
"En toute humilité, je me présente à la présidentielle de l'Egypte", a-t-il poursuivi, promettant de "continuer à combattre tous les jours pour une Egypte débarrassée du terrorisme".
Depuis la destitution de M. Morsi, seul chef d'Etat jamais élu démocratiquement en Egypte, les nouvelles autorités affirment mener une "guerre contre le terrorisme", soldats et policiers réprimant durement les partisans de M. Morsi dans une implacable campagne qui a fait, selon Amnesty International, au moins 1.400 morts.
En outre, sa confrérie des Frères musulmans a été déclarée "terroriste" et des milliers de ses membres et la quasi-totalité de ses dirigeants sont désormais poursuivis dans une pléthore de procès.

Les USA menacent de couper leur aide

Le Département d’Etat américain a indiqué mardi que la condamnation à mort de 529 partisans du président déchu Mohamed Morsi en Egypte aurait des conséquences sur l’aide américaine, alors que des heurts entre étudiants islamistes et policiers ont fait un mort au Caire.
Par ailleurs, quelque 700 pro-Morsi, dont Mohammed Badie, le guide suprême des Frères musulmans, comparaissaient mardi 25 mars devant un tribunal égyptien au lendemain de la condamnation à mort de 529 autres prévenus islamistes. Le verdict de leur procès sera rendu le 28 avril.
"Si les dirigeants de l'Egypte veulent assurer une transition politique vers la démocratie (…) ils doivent sans équivoque assurer un environnement exempt d’intimidation ou de représailles. Cela comprend les garanties de procédure et des procès équitables", a indiqué Marie Harf, porte-parole adjointe du Département d’Etat, lors du compte-rendu quotidien à la presse mardi.
La porte-parole a ensuite qualifié ces condamnations de "mépris flagrant pour les normes élémentaires de justice" et a fait savoir que les Etats-Unis espéraient un changement de position de la part du Caire sur ces peines imposées "après une procédure sommaire de deux jours".
Interrogée sur l’éventuel maintien de ces condamnations et sur l’impact que celles-ci auraient sur la relation entre l’Egypte et les Etats-Unis, Mme Harf a rappelé que Washington avait "réévalué depuis juillet (date de la destitution de Morsi, ndlr)" sa relation et sa politique vis-à-vis de l’Egypte.
"Tout ce qui se passe sur le terrain, y compris cela, aura un impact sur l’issue de notre relation basée sur l’aide à l’Egypte", a expliqué la porte-parole adjointe avant de rappeler les intérêts communs entre les deux alliés, notamment en termes de sécurité et de lutte contre le terrorisme dans le Sinaï.
"Même lorsque nous ne sommes pas d'accord, nous continuons de penser qu'il est important de s'engager, c'est ce que nous faisons en ce moment", a-t-elle dit.

Un mort dans des heurts

Des heurts entre policiers et étudiants partisans du président islamiste Mohamed Morsi destitué par l'armée ont fait mercredi un mort et 14 blessés à l'Université du Caire, a indiqué le ministère égyptien de la Santé.
Devant l'Université, dans le centre de la capitale égyptienne, des dizaines de policiers anti-émeutes tiraient des grenades lacrymogènes sur les étudiants qui protestaient contre la condamnation à mort il y a deux jours de plus de 500 pro-Morsi.
Un organisateur de la manifestation étudiante a affirmé que la personne tuée était un lycéen, mortellement touché par balle, tandis que le ministère de l'Intérieur a assuré qu'il s'agissait d'un étudiant de l'université islamiste d'Al-Azhar de Tanta, dans le delta du Nil.
Ailleurs dans le pays, des heurts entre étudiants islamistes et policiers ont fait 16 blessés à Zaqaziq, dans le nord du pays, selon l'agence officielle Mena.
Depuis l'éviction de M. Morsi en juillet, policiers et soldats répriment violemment toute manifestation de ses partisans. Et face à cette campagne qui a fait au moins 1.400 morts selon Amnesty International, les islamistes, qui peinent désormais à mobiliser, ont fait des campus universitaires leur dernier bastion pour mener la contestation.
Source I24News