lundi 28 avril 2014

Jean XXIII, " le meilleur pape de l'histoire pour le peuple juif "


Le pape Jean XXIII, qui sera canonisé dimanche au Vatican, était "le meilleur pape de l'histoire pour le peuple juif", estime l'un des fondateurs de la Fondation Raoul Wallenberg, Baruch Tenembaum. Il a sauvé des milliers de vie durant la Shoah et ouvert le dialogue judéo-chrétien, souligne-t-il dans un entretien à l'AFP à New York, au siège de la Fondation...



De son vrai nom Angelo Giuseppe Roncalli, Jean XXIII "a fait des choses tellement extraordinaires, je suis ravi qu'il soit déclaré Saint, même si la béatification ne me touche pas, en tant que juif".
"C'est évident pour moi, sans aucun doute, Jean XXIII Roncalli a été le meilleur pape de l'histoire pour le peuple juif. (...) Il n'aurait pas pu faire plus qu'il n'a fait", ajoute Baruch Tenembaum, Argentin de 80 ans, très connu pour son engagement en faveur du dialogue inter-religieux. En 2009, il était l'un des candidats au prix Nobel de la Paix.
En tant que délégué apostolique en Turquie à partir de 1935, Jean XXIII aidera à sauver des milliers de juifs d'Europe de l'Est des persécutions nazies, faisant distribuer par la délégation apostolique des certificats de baptême ou de conversion, raconte-t-il.
"A cette époque, avoir un certificat d'identité catholique vous sauvait la vie, c'était montrer que vous n'étiez pas juif", explique Baruch Tenembauch. "Il donnait des certificats de conversion, avec des noms et prénoms qui correspondaient".
Il ira même jusqu'à envoyer des "certificats en blanc" au nonce apostolique à Budapest, Angelo Rotta, pour que celui-ci en dispose en accord avec la communauté juive de Hongrie, souligne-t-il.
Tenembaum a proposé que Jean XXIII soit reconnu comme "juste parmi les nations", titre décerné par le mémorial de Yad Vashem au nom de l'Etat d'Israël.
La fondation Raoul Wallenberg tient son nom d'un diplomate suédois envoyé à Budapest durant la deuxième guerre mondiale, et qui avait sauvé entre 30.000 et 100.000 juifs avant d'être arrêté en 1945 par l'Armée rouge, sans que l'on sache ce qu'il est devenu ensuite. Elle a pour but de préserver sa mémoire et celle de ceux qui ont sauvé de nombreuses vies, et pas seulement durant les persécutions nazies.
Elle a notamment fait de grands efforts pour diffuser l'oeuvre de Jean XXIII(1881-1963) quand il était délégué apostolique en Turquie, sur laquelle n'existe pas assez de documentation officielle, selon M. Tenembaum.
S'y ajoutent aussi selon lui ses gestes d'ouverture en faveur d'un dialogue inter-religieux, quand il était Pape entre 1958 et 1963.
Jean XXIII "a été le premier à se débarrasser" de certains termes, éliminant par exemple le mot "perfide", associés aux juifs durant la prière du vendredi Saint, dit-il.
Et quand une délégation juive américaine lui rend visite au Vatican, au lieu de l'accueillir sur son trône, il s'avance et la salue en lui disant "Je suis Joseph votre frère", en référence à un épisode biblique de réconciliation fraternelle, ajoute-t-il.
Roncalli, avant de devenir Pape, sera aussi nonce apostolique en France. Il y jouera là encore un rôle important dans le plan de partage de la Palestine approuvé aux Nations Unies en 1947 et la création de l'Etat d'Israël, selon Tenembaum.
Selon des diplomates impliqués dans les négociations, il aurait pesé sur la décision du pape Pie XII de ne pas exprimer d'opinion sur cette question épineuse, laissant ainsi libres les pays à forte population catholique de voter comme ils le voulaient.
"Roncalli était allé à Rome, s'était entretenu avec le Pape, et quand il était sorti, il avait rencontré le représentant juif là-bas et lui avait dit +non seulement le pape ne va pas dire qu'il est contre, non seulement il ne va rien dire, il va faire une déclaration pour dire que le Vatican n'a pas d'opinion, c'est réglé pour vous+", ajoute M. Tenembaum.
Il connaît bien le pape François, Argentin comme lui, et le voit comme le successeur de Jean XXIII.
"Je crois que le pape le plus proche de Roncalli c'est François", dit-il. "Du moins pour ce qu'on a vu jusqu'à présent".
Source L'Echo replublicain