jeudi 27 novembre 2014

Reconnaissance de la Palestine : 135 pays favorables, bientôt plus ?


En reconnaissant la Palestine en tant qu'État indépendant, la Suède a peut-être amorcé un nouveau mouvement au niveau international. Le parlement britannique a appelé le gouvernement à faire de même, le Congrès espagnol également, la France se prononcera mardi prochain... Et, en Belgique, certains veulent rouvrir le débat, à l'image de l'eurodéputée socialiste Marie Arena ou encore du groupe Ecolo-Groen...

 
La reconnaissance de la Palestine comme État indépendant est un objectif que poursuit l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) depuis sa création en 1964, dans le but de résoudre le conflit israélo-palestinien.
Le 15 novembre 1988, sa plus importante institution, le Conseil national palestinien, se réunit à Alger pour sa 19ème session et déclare l'indépendance de la Palestine. Jusqu'à la fin de cette année-là, plus de 80 pays reconnaîtront la Palestine.
Parmi eux, on retrouve de nombreux pays membres de la Ligue arabe et/ou de l'Organisation de la coopération islamique (OCI), mais aussi plusieurs pays asiatiques, africains et européens. Serbie, Pologne, Chypre, République tchèque, Slovaquie ou encore Hongrie rejoignent le mouvement.
Quelques autres États se sont ensuite prononcés en ce sens de manière disparate durant les quinze années suivantes.
Il faut attendre 2009, 2010 et 2011 pour voir un autre mouvement d'importance : plusieurs pays d'Amérique centrale et d'Amérique du Sud franchissent le pas à leur tour. Venezuela, République dominicaine, Brésil, Argentine, Bolivie, Équateur, Chili, Pérou, Honduras, Salvador, Belize... Tous reconnaissent la Palestine, en partie pour se détacher de la politique de Washington, note Libération.
Et voilà que la Suède semble initier une nouvelle salve de débats dans les pays occidentaux. Avec ce pays scandinave qui s'ajoute à la liste, ce ne sont pas moins de 135 États membres de l'Organisation des Nations Unies qui considèrent aujourd'hui la Palestine comme un égal, sur les 193 pays que compte l'ONU, soit 69,9%.
La Palestine s'est d'ailleurs vue officiellement accorder le statut "d'État observateur non membre" de l'organisation internationale le 29 novembre 2012. Avec 138 votes favorables, 41 abstentions et 5 absences, c'était déjà pour l'autorité palestinienne une sorte de reconnaissance implicite de la souveraineté de l'État palestinien.
Parmi les pays défavorables à cette motion, il n'y a pas vraiment eu de surprise avec Israël, les États-Unis et le Canada.
Aujourd'hui, le dossier se rouvre dans plusieurs pays d'Europe. Le Royaume-Uni, l'Espagne, la France... Des votes ont eu ou auront lieu dans les parlements et, s'ils sont certes symboliques, ils appellent les gouvernements à prendre leur courage à deux mains pour se joindre à une liste de pays qui pourrait bien s'allonger dans les mois qui viennent.
Imaginons justement qu'une majorité encore plus écrasante se manifeste au sein de l'ONU, que de nouveaux pays qui pèsent diplomatiquement à l'international se mouillent à leur tour, quel serait la suite et qu'est-ce que cela aurait comme impact sur le conflit israélo-palestinien ? Probablement pas grand-chose, malheureusement.
Comme le note Alain Gresh, journaliste au Monde Diplomatique et spécialiste du Proche-Orient, l'acte aura certes "pour conséquence de confirmer la présence de la Palestine sur la carte politique diplomatique", mais, "même en supposant que la solution à deux États soit encore possible malgré la colonisation, la question est de savoir si la reconnaissance la rend plus proche".
"Or, elle ne met un coup d'arrêt ni à l'extension des colonies, ni à la judaïsation de Jérusalem, tandis que les Palestiniens subissent une répression quotidienne", note-t-il encore.
Si certains pays jugent donc la reconnaissance de l'État Palestine comme un pas nécessaire vers une résolution de son conflit avec Israël, il se pourrait bien que les effets conséquents ne soient aussi notables.
Ce statut international permettrait pourtant d'établir une égalité d'État à État entre Palestine et Israël, de quoi peut-être construire une base nouvelle pour un dialogue.

Thomas Mignon
Source RTBF