mercredi 26 novembre 2014

Turquie : Les dix déclarations les plus ridicules du président Erdogan... ( Videos )


Le président Recep Tayyip Erdogan est un grand orateur... Enfin, tant qu'il lit son téléprompteur. On pourrait aussi lui décerner le titre du champion de l'inacceptable, de l'illogique, du j'en-reviens-pas-que-vous-ayez-pu-dire-ça-en-toute-impunité. Florilège... 


1) Israël est à l'origine du coup d'Etat en Egypte
Erdogan et ses conseillers ont travaillé jour et nuit dans l'espoir de trouver une once de preuve susceptible de laisser entendre que le coup d'Etat militaire qui a eu lieu en Egypte le 3 juillet 2013 faisait partie d'un complot plus vaste orchestré au niveau mondial par Israël.

Ce qui lui aurait permis de justifier son propre discours au sujet des manifestations contre le gouvernement turc liées au parc Gezi.
L'équipe d'Erdogan a par la suite partagé une vidéo sur YouTube où le philosophe juif français Bernard-Henri Lévy décrit l'éventualité d'un régime sous le contrôle des Frères musulmans en Egypte et le rôle de l'armée.
Au moins, maintenant, on sait que les Juifs annoncent leurs projets de coup d'Etat sur YouTube !
 



2) Ces choses-là sont courantes
Acculé. Sur la défensive. Désorienté. Pendant une conférence très médiatisée, en mai de cette année, Erdogan tire de sa poche un bout de papier et cite des catastrophes minières qui se sont déroulées en Europe dans les années 1850 et 1870.
"Ces choses-là sont courantes", lance-t-il à un journaliste qui demande combien de gens sont morts dans l'accident de la mine de charbon de Soma [le 13 mai 2014, dans l'ouest de la Turquie]. En tout, 301 mineurs ont perdu la vie.
 



3) I love you
Erdogan ne parle pas anglais. Il n'y a pas de quoi avoir honte, mais ce n'est pas non plus une raison pour dire "I love you" à un parfait inconnu. Ça, c'est juste n'importe quoi.
Durant l'été 2002, alors qu'Erdogan était sur le point de monter dans sa voiture, un touriste arabe qui se trouvait là le salue. Et Erdogan de lui serrer la main en lui déclarant : "I love you."




4) Nous payons toujours nos employés
L'an dernier, alors que le gouvernement américain était partiellement paralysé [le "Shutdown" provoqué par l'impasse entre Barack Obama et le Congrès sur le budget de l'Etat], Erdogan (qui ne comprenait probablement rien à toute cette histoire) a expliqué : "Jamais notre gouvernement n'a été dans l'incapacité de payer ses fonctionnaires."
Il est parfaitement normal qu'un dirigeant vante les mérites de son gouvernement quand il s'agit de soutenir son économie, mais comparer l'économie turque à l'américaine ? En gros, si l'économie turque se portait bien, c'est parce qu'elle avait emprunté frénétiquement quand la Réserve fédérale américaine maintenait ses taux d'intérêt proches du zéro pour stimuler la croissance aux Etats-Unis.

5) Les femmes et les hommes ne sont pas égaux
Le 24 novembre, lors d'une rencontre sur l'émancipation féminine, Erdogan (en présence de l'une de ses filles) a affirmé que les femmes et les hommes ne pouvaient pas être égaux parce qu'ils avaient "des natures et des corps différents".
"On ne peut pas mettre les femmes et les hommes sur un pied d'égalité, c'est contre nature."
 
6) Renoncez à l'alcool, mangez plutôt du raisin
Je ne suis pas un grand fan de la logique d'Erdogan, non sans raison. De même, je ne sais pas s'il n'a jamais entendu parler de "fermentation" en cours de biologie ou de chimie, mais quelqu'un devrait lui apprendre que manger du raisin et boire de l'alcool, ce n'est pas la même chose.
En tout cas, ce n'est pas le meilleur moyen de calmer ses détracteurs quand il veut augmenter la taxe sur l'alcool, voire carrément l'interdire.
 
7) Ce sont les musulmans qui ont découvert l'Amérique.
Si Erdogan fait la une dans des pays comme l'Angola ou les Maldives, c'est parce qu'on s'y moque de ses déclarations, pas parce qu'il est un dirigeant planétaire.
Sa dernière sortie en date, selon laquelle "ce sont les musulmans qui ont découvert l'Amérique", a peut-être un fond de vérité. Mais quand on gouverne un grand pays, on ne déclare pas ce genre de choses sans preuve scientifique, c'est le meilleur moyen de susciter l'hilarité, c'est aussi simple que ça.
 
8) Nous avons planté 2,8 milliards d'arbres en dix ans
Pendant les manifestations du parc Gezi, qui ont démarré sous la forme d'un modeste sit-in écologiste et se sont ensuite muées en un mouvement national de contestation, Erdogan a régulièrement assuré que son gouvernement avait planté 2,8 milliards d'arbres en dix ans (passés au pouvoir).
Si c'est vrai, son gouvernement a donc planté 26,6 arbres par seconde depuis 2003.
 
9) Il ne faut pas confondre bateau et batelet
Quand un dirigeant de l'opposition a accusé le fils d'Erdogan d'être le propriétaire d'un bateau de 96 mètres de long, la réaction d'Erdogan a été si "mythique" qu'elle est passée dans le langage courant.
Les gens s'en servent désormais quand ils veulent minimiser l'importance de quelque chose. "Il ne faut pas confondre bateau et batelet", a dit Erdogan en réponse aux questions des journalistes sur le bateau de son fils. En fait, il essayait d'expliquer que son fils n'avait qu'un "batelet" (gemicik), ce qui, en turc, sous-entend qu'il s'agit d'un jouet.
 
10) Un étudiant s'est suicidé parce qu'il ne pouvait pas rembourser ses frais de scolarité
Pendant un entretien télévisé en novembre 2013, Erdogan a évoqué un article de presse à propos d'un étudiant qui se serait suicidé parce qu'il ne pouvait pas rembourser ses frais d'inscription en école préparatoire. Il cherchait ainsi vainement à justifier son projet de fermeture des écoles préparatoires, puisque, en réalité, l'étudiant avait mis fin à ses jours parce que sa petite amie l'avait trompé.
Du reste, même si c'était vrai, et alors ? Chaque année, en Turquie, plus de cent personnes se suicident parce qu'elles ne parviennent pas à rembourser leurs crédits. Si cet argument est légitime, alors, ce sont les banques qu'il faudrait fermer en priorité, plutôt que des institutions scolaires sous prétexte que leurs frais d'inscription pourraient entraîner des suicides. Bien essayé.

Source Courrier International