lundi 29 décembre 2014

Renseignements israéliens : Encore plus de violences au Moyen-Orient en 2015


Les rapports des divers services de renseignements israéliens sur la situation géopolitique pour l'année 2015 estiment que le Moyen-Orient restera une région très dangereuse et instable, probablement la plus périlleuse du monde. Selon la direction du renseignement militaire de Tsahal (Aman), l'Iran, l'Irak, la Jordanie, la Syrie, le Liban, l'Egypte, le Yémen, l'Arabie saoudite et l'Afrique du Nord seront le théâtre de déclin social, d'effritement politique et d'augmentation de la pauvreté...


Ces évaluations des services de renseignements, consistant essentiellement en une série de menaces potentielles auxquelles des réponses doivent être trouvées, sont censées servir de base pour la conduite de la politique de l'Etat dans les domaines de la sécurité militaire, diplomatique et économique de l'Etat d'Israël pour l'année à venir.
La crise économique chronique qui affecte les pays du "Printemps arabe" et qui est train de connaître un pic avec la chute du prix du pétrole, accélère la désintégration interne de pays comme la Syrie, l'Irak et la Libye et pourrait miner des pays actuellement plus stables tels que l'Iran et l'Egypte.
La "Grande Syrie" n'existe plus.
Aujourd'hui, le terme adéquat est la "petite Syrie d'Assad" qui contrôle 20 à 30% du pays, le reste comprend des régions où les combats font rage entre divers groupes armés. Israël intervient de manière indirecte dans le conflit pour ce qui touche le plateau du Golan en fournissant une aide humanitaire aux rebelles de l'Armée syrienne libre, et consent au déploiement de groupes sunnites dits modérés sur la majeure partie du versant syrien du Golan.
Ceci crée de fait une zone tampon qui empêche des éléments du Jabhat Al Nusra et de l'Etat islamique de s'approcher de la frontière israélienne.
La question des armes chimiques syriennes ne verra pas de solution en 2015. L'agence en charge du désarmement du stock d'armes chimiques de la Syrie n'a toujours pas refermé ce dossier et, selon Israël; il y a tout lieu de croire que le régime syrien dissimule encore des agents chimiques.
Pour ce qui est de l'Iran, la situation reste très complexe puisque personne n'est pour le moment en mesure de savoir si l'Iran et les Etats-Unis aboutiront à l'été 2015 à un accord sur le programme nucléaire de la République islamique. La plupart des responsables sécuritaires estiment qu'un tel accord serait une mauvaise chose pour Israël.
Deux éléments majeurs vont déterminer les événements de l'année 2015: les élections israéliennes du 17 mars et l'impact de la chute du prix du pétrole.
L'Arabie saoudite les Etats du Golfe ont en principe accumulé suffisamment de réserve leur permettant de supporter cette crise.
L'Arabie saoudite, considérée comme un pays plutôt stable, devrait néanmoins connaître un chômage de 30% chez les jeunes au cours de l'année à venir, ce qui explique le nombre très important de Saoudiens au sein des groupes djihadistes qui opèrent dans le monde, selon le rapport.
Mais la chute du pétrole pourrait néanmoins affecter, voire même conduire à abattre certains régimes tels que ceux de l'Iran, de l'Irak et de la Libye et mener à l'anarchie.
Selon le rapport israélien, la Libye pourrait être scindée en 3 régions: la Cyrénaïque à l'est, la Tripolitaine à l'ouest et Fezzan dans le sud.
Le Soudan est quant à lui coupé en deux. Le Yémen, l'Irak et la Somalie sont en train de s'effondrer. Ce processus pourrait toucher d'autres pays et s'approfondir dans ces Etats déjà en ruine.
Des éléments de l'Etat islamique, politiques et non militaires pour le moment, sont installés dans la région jordanienne de Ma'an (environ 200 kilomètres au sud d'Amman).
Dans la péninsule égyptienne du Sinaï, le groupe Ansar Beit al-Maqdiss qui était auparavant affilié à Al Qaïda, a récemment fait allégeance à l'Etat islamique. Depuis cette déclaration, le commandement de la région sud de l'armée israélienne se prépare en fonction de la première attaque de ce groupe terroriste contre Israël.
L'émir de l'Etat islamique Abou Bakr al-Bagdadi, lui, a annoncé il y a quelques semaines qu'Israël était un des cibles de son organisation.
Le Djihad mondial, sous toutes ses formes, continue sa progression rampante au Moyen-Orient et en Afrique. Il est présent au Sinaï, à Gaza, en Syrie, en Irak, en Somalie et au Yémen.
Le successeur de Ben Laden, Ayman al-Zawahiri, d'origine égyptienne, a placé, contrairement à son prédécesseur, le Moyen-Orient, et Israël en priorité, de son calendrier opérationnel.
Le deuxième axe est le camp des modérés : l'Égypte, la Jordanie, l'Arabie saoudite et les Etats du Golfe. Le Qatar a également rejoint ce groupe récemment, mais en partie seulement, après que les Saoudiens ont contraint les Qataris à une réconciliation avec les Egyptiens.
Cet accord entre le Qatar et l'Egypte est particulièrement important pour Israël. Il pourrait retarder ou même empêcher une conflagration le long de la frontière de Gaza.
Cette alliance pourrait éloigner les Iraniens du Hamas et donner un nouvel élan à la reconstruction de la bande de Gaza en coopération avec l'Autorité palestinienne, en dépit de la résistance qu'elle va susciter du côté des djihadistes et d'autres organisations.
Preuve en est la multiplication des incidents ces derniers jours à la frontière pour tenter d'attirer Israël et le Hamas dans un nouveau conflit.
Selon le rapport, le Hamas qui pourrait enfin recevoir l'argent du Qatar pour la reconstruction de Gaza, ferait des efforts pour empêcher le Djihad islamique et les autres organisations radicales d'agir contre Israël.
Israël est également très vigilant quant aux actions et aux efforts auprès de l'Onu du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas en vue de l'établissement d'un Etat palestinien dans les deux ans.
Si Abbas présente sa résolution au mois de janvier, il devrait pouvoir rallier une majorité de membres du Conseil de sécurité" et cette réalité pourrait prendre une nouvelle dimension menant à des tensions croissantes et à une détérioration de la situation sécuritaire entre Israël et les Palestiniens.
Cette détérioration sécuritaire entre l'Autorité palestinienne et Israël, ou entre Israël et Gaza, est une hypothèse réaliste prise en compte par les services de renseignements israéliens.
Le Hamas dispose maintenant de 30% des roquettes qu'il possédait à la veille de l'opération Bordure protectrice.
Le rapport des services de Renseignements pointe également un changement de l'ennemi dans la perception de l'usage de la force. Le Hezbollah, tout comme le Hamas, ont réduit leurs tactiques défensives et leurs guérillas d'usure au profit d'opérations plus offensives et ponctuelles à l'intérieur du territoire israélien. L'objectif est également de créer l'image de la victoire et saper la volonté des citoyens israéliens.
Ce changement a été clairement observé au cours de l'opération "Bordure protectrice" par la stratégie des tunnels et la mise en place d'unités spéciales préparées pour porter le combat à l'intérieur même d'Israël.
Le Hamas et le Hezbollah concentrent leurs efforts sur le bombardement d'Israël avec des armes plus précises, comme des missiles de croisière, des avions sans pilotes et des roquettes plus sophistiquées.

La nouvelle doctrine militaire à laquelle Israël va devoir faire face impliquera également la décentralisation des forces militaires qu'elle rencontrera, sans cible claire. La durée des hostilités, pourrait être également un facteur crucial du point de vue de l'ennemi, qui tentera de provoquer des campagnes militaires plus longues.
Le Hezbollah est prêt à obéir au Sud-Liban à tout ordre provenant de l'Iran, au moment où Téhéran se sentira menacé.
Enfin, Israël pourrait également être pris par surprise en 2015 par une "cyber menace". Jérusalem doit prendre en compte la possibilité qu'un beau jour les Israéliens se réveilleront avec une attaque sur les systèmes militaires et civils, à l'instar de ce qu'on voit actuellement en Corée du Nord.
Le rapport annuel des Services de renseignements israéliens est également l'objet de critiques. Nombreux sont ceux qui lui reprochent de ne pas prendre en compte les opportunités, mais seulement de percevoir les menaces.
Source I24News