dimanche 26 avril 2015

Renouvellement des tissus humains : une découverte surprenante

 
Le Dr. Noa Shenkar et son étudiante Tal Gordon du Département de zoologie de l’Université de Tel-Aviv ont récemment découvert une petite créature maritime capable de régurgiter tout son système digestif lors qu’elle est en danger, puis de le régénérer. Selon les chercheurs l’étude, publiée le 16 mars 2015 dans la revue Scientific Reports du Groupe Nature pourrait faire progresser la compréhension des processus de régénération des organes vitaux chez l’homme...
 


“Dans le cadre de l’Initiative taxonomique pour la classification des espèces vivantes d’Israël, nous effectuons des recherches sur des invertébrés marins appelés ascidies, qui vivent dans les récifs coralliens à Eilat”, explique le Dr. Shankar spécialiste de biologiste marine du Département de zoologie de l’Université de Tel-Aviv, et conservatrice de la collection d’invertébrés marins au Musée Steinhardt de la Nature de l’Université, qui renferme la collection nationale de toutes les espèces vivant en Israël.

“Nous avons ainsi découvert qu’une certaine espèce d’ascidie éjecte quelque chose quand vous essayez de la toucher. Après examen, il s’est avéré que l’objet rejeté était en fait son système digestif “.
 Les chercheuses ont prélevé de la mer plusieurs ascidies pour les étudier en laboratoire, et leur ont fait rejeter leur système digestif en réponse à une légère pression mécanique. Elles ont constaté que le petit animal se rétracte alors et se referme pendant 48 heures, puis se rouvre et recommence à fonctionner normalement.

“Nous avons réalisé à notre grand étonnement, que l’ascidie effectue un processus miraculeux de régénération et de réparation des tissus”, explique le Dr. Shenkar. “Elle régénère son intestin en 12 jours, et ses branchies en 19 jours. De la vraie science-fiction!” ”
« Beaucoup d’animaux sont capables de reconstituer des membres qu’ils ont perdus. Par exemple, les lézards renouvellent leur queue, les étoiles de mer leurs bras, et les vers plats des parties entières de leur corps; mais tous ces organes ne sont pas essentiels à leur survie.

L’ascidie, par contre, est capable de rejeter tout son système digestif, organe critique sans laquelle la vie est impossible, et de survivre sans lui le temps de le reconstruire. Il semble que l’homme ait beaucoup à apprendre de cette petite créature, qui se cache dans les récifs coralliens ».
Il s’avère que le rejet de son système digestif et sa régénération constitue une composante essentielle d’un mécanisme de survie extrêmement efficace, qui fait de cette sorte d’ascidie l’espèce la plus commune des quelques 3000 variétés de ce petit animal connues dans le monde. ” De couleur brune, elle se camoufle sur le récif et est habituellement recouverte d’autres types de créatures ” dit le Dr. Shankar. “Elle n’est généralement pas utilisée comme nourriture par les poissons qui n’aiment pas son goût.

Dans une de nos expériences, nous avons proposé 18 systèmes digestifs éjectés par des ascidies à des poissons de récif affamés, qui les ont tous immédiatement rejetés.
Nous ne savons toujours pas quel est le composant qui crée ce mauvais goût, mais il est possible qu’il protège les ascidies des prédateurs potentiels”. Les chercheuses pensent que l’ascidie expulse son système digestif en présence d’un poisson prédateur. Selon elles, il pourrait s’agir d’une diversion, d’une manière de signaler au prédateur : “Ne me touche pas. Ne me mange pas. Je ne suis pas savoureux”.
Au-delà de l’aspect zoologique, fascinant en soi, la découverte a d’importantes applications potentielles dans le domaine de la recherche médicale. “Le phénomène des émissions colorectales est bien connu, notamment chez les concombres de mer.

Mais les ascidies appartiennent aux chordés, qui de tous les invertébrés marins, sont les plus proches des vertébrés, y compris des mammifères et de l’homme sur le plan de l’évolution”, explique le Dr Shankar. “De nombreuses caractéristiques et processus physiologiques n’ont guère changé au cours de l’évolution, et en fait le système digestif des ascidies et le processus de régénération cellulaire qui se produit à l’intérieur sont très semblables aux nôtres.
Donc ces créatures, qui sont abondantes et facilement accessibles dans la nature peuvent être utilisées comme un excellent modèle animal pour la recherche médicale future sur le sujet du renouvellement des tissus mous”.
Les chercheuses ont prévu d’élargir leur échantillon et d’examiner un éventail de questions, telles que: à partir de quel âge ces créatures sont-elles capables de rejeter leur système digestif et de le reconstruire ?

Une ascidie qui a déjà reconstitué son système digestif une fois peut-elle le faire à nouveau ? Elles sont en outre à la recherche d’une coopération avec des scientifiques spécialistes d’étude des cellules et de biomédecine, qui pourront examiner en profondeur le merveilleux mécanisme de renouvellement des ascidies.
“Nous pensons que ces études pourraient faire progresser la compréhension future des processus de régénération des organes et des tissus humains”, conclut le Dr Shankar.

Source SiliconWadi