dimanche 28 juin 2015

Des milliers de personnes manifestent contre l'accord gazier

 
Des milliers de personnes ont manifesté à Tel-Aviv samedi contre l'accord émergent entre le gouvernement et un groupe d'investisseurs israélo-américain chargé de développer les réserves de gaz naturel d'Israël. Les manifestants ont convergé du boulevard Rothschild vers un immeuble du gouvernement situé sur la rue Kaplan, près du centre Azrieli...


Les opposants à l'accord gazier accusent qu'il s'agit du "vol" des ressources naturelles d'Israël et exhortent les autorité à faire preuve de transparence.
Le cabinet restreint du Premier ministre Benyamin Netanyahou a pris en fin de semaine une décision exceptionnelle susceptible de mettre fin à des mois d'incertitudes quant à l'exploitation de la manne gazière dont dispose depuis peu Israël.
L'exploitation de la ressource relève de la sécurité nationale, a décidé le cabinet restreint, chargé de trancher les questions les plus sensibles. A ce titre, elle échappe aux lois contre les monopoles.
Car c'est l'autorité de la concurrence qui avait semé le trouble en décembre, quand son chef David Gilo avait annoncé qu'il allait se pencher sur la prééminence sur le marché du gaz des partenaires israélien et américain Delek Group et Noble Energy.
Noble Energy et Delek Groupe exploitent ensemble depuis 2013 le gisement de gaz de Tamar, à environ 80 km au large de Haïfa. Ils sont également associés pour développer Leviathan, plus grand champ gazier de Méditerranée dont l'exploitation à 130 km des côtes de Haïfa devrait commencer quand les réserves de Tamar commenceront à se tarir.
 
"Long et coûteux"
 
La remise en cause des accords existants a déclenché une furieuse bataille entre compagnies gazières et défenseurs des intérêts des consommateurs.
Elle a aussi déconcerté les investisseurs étrangers lorgnant sur le développement ultérieur de ce gisement, l'un des plus importants découverts offshore dans le monde au cours de la décennie écoulée, alors que les incertitudes politiques et l'instabilité réglementaire augmentent déjà considérablement les risques.
"Les investisseurs actuels, qui ont mobilisé des sommes considérables, détiennent aussi toutes les connaissances liées à l'exploration géologique. Il serait sûrement très long et coûteux de faire entrer à ce stade d'autres investisseurs sur le marché", selon Perrine Toledano, une consultante internationale dans le développement durable rattachée à l'université de Columbia, à New York.
La querelle a été d'autant plus aiguë que les ressources gazières devraient pourvoir à la richesse israélienne.
Tamar, dont la production est destinée au marché intérieur, a ainsi contribué à 0,3% du Produit national brut (PNB) israélien en 2014 et 0,8% en 2013, selon la Banque d'Israël.
Israël, isolé dans la région, a longtemps dépendu des livraisons de gaz du voisin égyptien, devenues aléatoires en raison de l'instabilité dans le Sinaï. Son gaz lui assurerait une indépendance énergétique pour plusieurs décennies.
 
Reprise en main
 
Il devrait aussi influer sur la position géostratégique d'Israël, qui pourrait devenir fournisseur de la Jordanie, l'Egypte et l'Autorité palestinienne.
Les enjeux ont conduit Washington à intervenir pour qu'Israël maintienne ses engagements vis-à-vis de Noble Energy, disent les experts.
Le Premier ministre israélien a décidé de reprendre les choses en mains. Il a obtenu fin mai la démission du chef de l'autorité de la concurrence et l'abandon des promesses électorales de son ministre des Finances, Moshé Kahlon, qui s'était engagé à défendre les consommateurs.
Un compromis a été conclu entre le gouvernement israélien et les investisseurs, dont les termes n'ont pas été rendus publics. Selon la presse, les filiales de Delek auraient six ans pour céder leurs parts dans Tamar. Noble devrait réduire la sienne de 36 à 25%. Delek et Noble devraient aussi se désengager dans les 18 mois de deux champs plus petits, Tanin et Karish.
"Nous proposons une solution réaliste qui conduira le gaz naturel sur le marché israélien et non pas une solution populiste dans laquelle le gaz resterait dans le sol", a dit le Premier ministre.
La décision de faire du gaz une affaire de sécurité nationale ne lève pas toutes les incertitudes. Elle doit encore être approuvée par le gouvernement au complet. Surtout, elle pourrait être soumise au Parlement où le gouvernement dispose de la plus étroite des majorités.
 

Source I24News