jeudi 29 octobre 2015

Quelques anecdotes sur le Hazon Ich



       
Jour de la Hiloula du Hazon Ich, Rav 'Haïm Kanievski s'est rendu sur la tombe de son oncle et a donné un cours de Torah à ses élèves pour l'élévation de son âme.  A cette occasion voici quelques anecdotes qui laissent entrevoir la personnalité du rav, tout en soulignant sa conception de l'éducation...




Un jour, un roch yéchiva vint voir le 'Hazon Ich pour lui demander conseil au sujet d'un élève qu'il souhaitait renvoyer de son établissement. À cette demande, le 'Hazon Ich lui répondit : « pourquoi te contentes-tu de le renvoyer ? À mon avis, tu devrais louer un bateau, prendre avec toi cet élève en pleine mer, et le jeter par-dessus bord ! Tu en serais ainsi débarrassé pour toujours ! ». Par cette allégorie, le 'Hazon Ich souhaitait faire comprendre à son interlocuteur que renvoyer un élève de sa yéchiva revenait à le jeter à la mer sans bouée de sauvetage !
Son beau-frère, rav Yaakov Israël Kanievski, zatsal, affirmait que le 'Hazon Ich connaissait par cœur le Talmud dans son intégralité ! Il témoigne également avoir vu le rav étudier de mémoire, page après page, le traité de 'Houlin, et ce, en une seule journée !
Le rav Haïm Kanievski raconte que lorsque son oncle écrivait ses 'hidouchim [nouveaux éclaircissements sur la Torah], il en était si exténué qu'il s'endormait immédiatement, sans même prendre le temps de faire son lit...
Une autre anecdote, liée également à la ferveur du rav lorsqu'il étudiait, est citée par son neveu : un jour, alors que le 'Hazon Ich devait subir une opération, les médecins lui expliquèrent qu'il serait soumis à une anesthésie générale. Et le ‘Hazon Ich de leur répondre : « vous n'avez pas besoin de m'endormir, je vais étudier quelques pages de Guémara pendant que vous m'opérerez, et je ne sentirai rien... ». Et c'est exactement de cette manière que les choses se sont passées, ajoute le rav Haïm Kanievski.


Quand le 'Hazon Ich rencontre Ben Gourion…

Le 28 octobre 1952, une rencontre hors du commun a lieu à Bné Brak. Le Premier ministre de l'État d'Israël, David Ben Gourion, se rend au domicile de celui vers qui se tournent tous les membres du judaïsme orthodoxe : le 'Hazon Ich.
Le Premier ministre est accueilli dans le bureau du rav : une table, deux chaises, des livres et encore des livres… Ben Gourion est venu s'entretenir avec le rav d'un sujet brûlant et délicat : l'enrôlement des jeunes filles dans Tsahal.
Mais, très vite, la discussion dépasse cette simple controverse, et c'est à un débat passionnant entre le judaïsme orthodoxe et le sionisme laïc que l'on assiste. « je suis venu parler avec vous d'un sujet extrêmement important, déclare Ben Gourion. Comment les Juifs religieux et non religieux vont-ils réussir à vivre ensemble sur cette terre, sans que leurs relations ne se détériorent totalement ? Car des Juifs de tous les pays viennent vivre ici : des centaines et des milliers de personnes riches de traditions différentes et d'idéaux distincts ! ».

À cette question, le 'Hazon Ich répond par une allégorie du Talmud : « si deux chameaux se croisent sur un chemin étroit et que l'un des chameaux porte une lourde charge, tandis que l'autre ne porte rien, c'est celui qui ne porte rien qui doit laisser le passage à celui qui est chargé. Nous, les Juifs religieux, sommes comparés à ce chameau qui porte une charge puisque nous portons la lourde responsabilité des mitsvot et de l'étude de la Torah. C'est à vous de nous laisser le passage ! ».
Tout en tapant sur sa propre épaule, Ben Gourion rétorque : « et ce chameau, vous croyez qu'il ne porte aucune mitsva ? Et la mitsva de “yichouv Haaretz”, ce n'est pas une mitsva ? Ce n'est pas une charge ? Et la mitsva de défendre la vie de nos habitants, ce n'est pas une mitsva ? Ce que nos jeunes soldats font, du matin au soir, lorsqu'ils défendent nos frontières, ce n'est pas une “charge” ? ».
À cette fameuse réplique de Ben Gourion, le ‘Hazon Ich répond par une réplique non moins fameuse : « c'est par le mérite de notre étude qu'ils sont là ! C'est parce que nous étudions la Torah qu'ils peuvent vivre et garder le pays avec efficacité ! ».
En fait, cette conversation s'est poursuivie encore longtemps et, à son terme, les deux hommes se sont séparés avec beaucoup de respect. À son entourage, Ben Gourion racontera qu'il a rencontré « un Juif intelligent, avec des yeux bienveillants et perspicaces, et d'une grande humilité ».



Source Chiourim