dimanche 28 février 2016

« Les armes du Hezbollah, une grave menace pour la souveraineté et la stabilité du Liban », souligne l’Onu









« Les armes détenues par le Hezbollah et d'autres groupes échappant au contrôle de l'État continuent de faire peser une grave menace sur la souveraineté et la stabilité du Liban et sur son aptitude à honorer les obligations que lui imposent les résolutions 1559 (2004), 1680 (2006) et 1701 (2006). Les conséquences de l'utilisation de ces armes pourraient s'avérer dramatiques pour le Liban si un conflit venait à en résulter. »...



C'est ce que souligne notamment le dernier rapport du secrétaire général de l'Onu sur la mise en œuvre de la résolution 1701 du Conseil de sécurité (2006). Ce rapport, rendu public hier, fournit une évaluation complète de la mise en œuvre de ladite résolution depuis le dernier rapport du 4 novembre 2015. Le document sera discuté le 16 mars prochain au Conseil de sécurité en présence de la coordonnatrice spéciale de l'Onu, Sigrid Kaag.
Le texte souligne que le secrétaire général de l'Onu demeure « profondément préoccupé par la vacance à la présidence, une situation qui affaiblit les institutions du Liban et la capacité du pays à faire face aux graves problèmes qu'il rencontre ».
Il invite toutes les parties à élire un président sans plus tarder.
Concernant la situation dans la zone des opérations de la Finul, le chef de l'Onu réitère sa condamnation de l'attaque contre deux véhicules de l'armée israélienne, survenue le 4 janvier, menée par le Hezbollah. Il condamne également les tirs de roquettes en direction d'Israël, le 20 décembre. « Ces deux incidents constituent de graves violations de la résolution et de la cessation des hostilités », note Ban qui se « félicite » toutefois du rétablissement du calme, tout en mettant en garde contre la « fragilité » et la « vulnérabilité » vis-à-vis des développements dans la région. Le secrétaire général de l'Onu se félicite de « la coordination tripartite continue entre l'armée libanaise, les Forces de défense israéliennes et la Finul », soulignant que cette coordination constitue « un élément-clé de la prévention visant à désamorcer les tensions le long de la ligne bleue ».
« Le plein respect de la ligne bleue est un facteur critique pour maintenir le calme et la stabilité dans la région. Toute violation délibérée de la ligne bleue est inacceptable », souligne Ban.
  

Chebaa et Ghajar

Le secrétaire général de l'Onu déplore « l'absence de progrès » sur la question des fermes de Chebaa, qui reste une « source de préoccupation croissante » et « un facteur de déstabilisation ».
Il « demande » une nouvelle fois à la Syrie et Israël de faire connaître leur position vis-à-vis de la délimitation provisoire de la zone des fermes de Chebaa, qu'il a proposée dans son rapport du 30 octobre 2007. Il exprime une fois de plus sa « préoccupation » face à l'occupation par l'armée israélienne du nord de Ghajar et d'une zone adjacente au nord de la ligne bleue, en violation de la résolution 1701 (2006), tout en rappelant à Israël « qu'il est tenu de retirer ses forces armées de la zone, conformément à la résolution ».
Ban demeure également « très préoccupé » par les violations presque quotidiennes par Israël de l'espace aérien libanais, « au mépris total de la souveraineté du Liban et des dispositions de la résolution », ainsi que « par la présence d'armes non autorisées dans la zone du Litani et la ligne bleue, et par le comportement agressif à l'égard de la Finul ».


Important transfert d'armes au Hezbollah

Le chef de l'Onu rappelle, dans son rapport, que « le tir de roquettes, le 20 décembre, est la preuve de la présence d'armes en dehors du contrôle de l'État libanais au sud du Litani ».
« L'attaque du 4 janvier a prouvé la capacité militaire du Hezbollah et sa volonté d'utiliser cette capacité en violation de la résolution, ajoute Ban. Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a affirmé le 16 février détenir un arsenal de roquettes, lequel, selon lui, a un effet dissuasif contre l'agression potentielle d'Israël. Ce qui est en violation de la résolution. »
Ban rappelle que, « dans sa résolution 1701, le Conseil de sécurité a décidé que tous les États devraient prendre les mesures nécessaires pour empêcher, de la part de leurs ressortissants ou à partir de leur territoire ou au moyen de navires (...), la vente de fourniture et de matériel connexe à toute entité ou tout individu situés au Liban ».

Et d'ajouter : « Dans la même résolution, le Conseil a demandé au gouvernement libanais de sécuriser ses frontières et les autres points d'entrée au Liban pour empêcher l'entrée, sans son consentement, d'armes ou de matériel connexe. » Ban note aussi que des représentants du gouvernement israélien ont constamment signalé à l'Onu qu'il y a d'importants transferts d'armes en cours, destinés au Hezbollah à la frontière libano-syrienne. Le rapport relève que « le Hezbollah a maintenant amassé un arsenal de 100 000 missiles et roquettes ».
« Ces indications ont été réitérées dans les lettres adressées à l'Onu par le représentant permanent d'Israël, qui a fourni des exemples de lieux et de positions de combat », note-t-il. « L'Onu prend ces allégations au sérieux, y compris à la lumière des déclarations publiques faites par le Hezbollah, mais elle n'est pas en mesure de les vérifier de manière indépendante », affirme Ban.


Politique de dissociation

Le secrétaire général relève également que le Hezbollah est resté engagé dans le conflit en Syrie. Il note les rapports du mouvement des combattants et du trafic d'armes entre le Liban et la Syrie au cours de la période considérée. Les services de sécurité ont arrêté des passeurs en possession d'armes. Le 14 janvier 2016, l'ancien ministre Michel Samaha a été libéré de prison sous caution, tout en notant que le Hezbollah est resté engagé dans le conflit en Syrie.
Ban Ki-moon a « condamné la participation de citoyens libanais au conflit syrien en violation de la politique de dissociation adoptée par le gouvernement du Liban et des principes de la déclaration de Baabda de juin 2012, qui a été approuvée par tous les dirigeants libanais ». « L'importance de cette déclaration a été réaffirmée par le Conseil de sécurité et par le Groupe international d'appui au Liban, souligne le document.

Je demande à toutes les parties libanaises de d'abstenir de toute participation au conflit syrien, conformément à leur engagement qu'elles ont pris dans la déclaration de Baabda, et de manifester de nouveau leur adhésion à la politique de dissociation. »


Armée

Le rapport relève aussi que le Parlement a approuvé 800 millions de dollars destinés à l'armée libanaise pour lui permettre de rénover les infrastructures, la logistique et autres équipements. Il note aussi les 3 milliards de dollars de subvention saoudienne à l'armée pour la fourniture d'armes et de matériel fournis par la France.
« L'armée est dans un processus de mise à jour de son plan de développement des capacités afin de refléter l'aide reçue à ce jour et de mettre en évidence les domaines prioritaires, conformément aux appels du Conseil de sécurité et du Groupe d'appui international pour le Liban en vue d'améliorer la capacité de l'armée à sécuriser les frontières du Liban avec la Syrie et de contrer les menaces terroristes », souligne Ban.


Aide et réfugiés

Le chef de l'Onu note aussi « qu'au 31 décembre 2015, plus de 1,1 milliard de dollars ont été attribués (...), contre les 1,87 milliard de dollars exigés ». « En décembre 2015, le gouvernement libanais et l'Onu ont lancé conjointement le plan 2016 de 2,48 milliards de dollars en réponse à la crise au Liban pour fournir une aide humanitaire et une protection à 2,8 millions de personnes très vulnérables, et pour investir dans les services, l'économie et les institutions », dit-il. La Conférence de Londres pour la Syrie et la région, tenue le 4 février, a provoqué un changement important dans l'approche du Liban face à la crise des réfugiés syriens.
Dans la déclaration d'intentions présentée par le Liban à la Conférence de Londres, le gouvernement a reconnu publiquement que les réfugiés syriens sont susceptibles de rester au Liban pendant une période prolongée, et que des solutions plus durables sont nécessaires en attendant leur retour éventuel lorsque les conditions le permettront.



Source L'Orient le Jour