mardi 24 mai 2016

Élie Chouraqui : « Moi, juif, au milieu de Buchenwald, j’ai été entouré par une équipe à 90% allemande »






Le réalisateur Élie Chouraqui revient au cinéma avec L’Origine de la violence, un film, tiré d’une histoire vraie, sur l’holocauste pendant la seconde guerre mondiale, mais pas seulement. « C’est un film sur le secret de famille », prévient le cinéaste. Dans L’Origine de la violence, plusieurs histoires s’emmêlent dont celle de la déportation d’un jeune homme en 1940 à Buchenwald. Mais « ce n’est pas un film dont le thème central est la Shoah...







C’est un film qui montre à quel point pendant une période de notre histoire, le nazisme avait permis, y compris à des français, de faire les pires folies ». Le réalisateur, juif et lui-même marqué par un lourd secret de famille, s’est forcément très investi dans ce projet.
« On a tous dans nos familles, quelque chose que nos parents nous ont caché, qu’on a caché à nos enfants. » Lui, on lui a caché qu’il avait un frère aîné, décédé pendant la guerre, et il ne l’a su que 25 ans plus tard.


Une histoire de familles


Pour incarner cette histoire de famille qui résonne avec la sienne, Élie Chouraqui a choisi de faire appel à son propre fils, César. « C’était le meilleur choix parce que c’était cette histoire là.
Parce que c’était une histoire de filiation, une histoire entre un père, un fils et les grand pères. Donc c’est vrai que, mon fils, quand j’ai commencé le tournage, ça s’est imposé. » Avec ce rôle, César Chouraqui fait donc son entrée dans le monde du cinéma grâce à son père.
Élie Chouraqui a aussi embarqué Richard Berry dans cette aventure. C’est tout un symbole car les deux hommes ont commencé leurs carrières devant et derrière la caméra avec le premier film d’Élie Chouraqui, Mon premier amour, en 1978.
« Une boucle est bouclée, parce que Richard, n’est pas seulement un acteur que j’ai fait tourné lorsque j’ai fait mon premier film, mais on a été élevé ensemble« , raconte le réalisateur.
Grâce à ce film, Élie Chouraqui – qui a obtenu la double nationalité franco-israélienne à 62 ans – revient aussi sur l’histoire de sa famille et de sa culture. Il a ainsi eu l’autorisation exceptionnelle de tourner dans le camp de Buchenwald. « J’ai été entouré par une équipe à 90% allemande », rappelle-t-il.
« C’est-à-dire que moi, juif, au milieu du camp de Buchenwald, j’avais des jeunes gens allemands qui disaient ‘Schnell ! Schnell !’ parce qu’ils voulaient que le tournage se passe le mieux possible. C’était un moment absolument exceptionnel. »


Source Tribune Juive