mardi 31 mai 2016

Le roman, au service intime de l'Histoire




Rachel Shalita est née en 1949 dans le kibboutz Tel-Yossef, un an après la création de l'Etat d'Israël. Dans son premier roman, "Comme deux soeurs", c'est un peu l'histoire de ses parents qu'elle nous raconte. Rachel Shalita vit à Tel Aviv où elle est professeur  à l'école d'art Beith Berl...



 

Thème:


En 1920, Vera et Tsiona se rencontrent à l'école de Tel Aviv.
L'une comme l'autre sont élevées par leur mère, majoritairement. Le père de Vera, artiste plasticien, navigue entre Paris et son foyer à Tel Aviv et est tourné vers la vie de la bohème parisienne.
Tsiona, elle, est orpheline de père. Les deux enfants ont un caractère résolument opposé, différentes et si proches pourtant pendant leur enfance. Leur vie, leurs aspirations, leur sensibilité les éloigneront par moments, les rapprocheront à d'autres.
Tsiona met toute sa force et ses espoirs dans la construction de cette nouvelle patrie,Israël, tandis que Vera oscillera entre sa vie d'artiste et son sentiment confus d'appartenance au peuple israélien.
Yossef, poète rescapé de la Shoah, rêve comme Tsiona d'un monde nouveau alors que tout le porte vers Vera. Il fera à l'une comme à l'autre leur bonheur et leur malheur.
 

Points forts:


Il existe peu de récit romanesque de la construction de l'Etat d'Israël, et c'est en cela que le roman de Rachel Shalita est particulièrement intéressant.
On comprend mieux les contradictions de la société juive avant la création de ce nouvel Etat, à travers les protagonistes. Et le roman ouvre une réflexion intéressante sur la société juive d'aujourd'hui.

 

Points faibles:


On regrettera que les thèmes traités -le destin, le sentiment patriotique, la Shoah, l'amour et bien sûr l'amitié- soient un peu trop foisonnants et de ce fait pas assez fouillés.
 

En deux mots:

La grande et la petite histoire se mêlent ici et se confondent, ce qui permet au lecteur de mieux comprendre la complexité de la création de l' Etat d'Israel. Un seul regret: que l'intime prenne trop le pas sur l'histoire de ce peuple hétérogène. Attendons le prochain roman de Rachel Shalita...
 

Une phrase:


"Les kibboutzs n'avaient aucune considération pour le corps de la femme. On dissimulait tout ça sous des chemises kaki, très amples, mais là enfin, dans le secret de cette baraque, les filles se sentaient à l'aise dans leur corps de femme, à se savonner en poussant des cris de joie et en éclatant de rire, comme si l'eau qui coulait sur leur corps libérait les sons étouffés sous leurs vêtements". (P: 163)


Source Valeurs Actuelles